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Togo : un journaliste emprisonné pour un article sur la mort d’un proche du président

Le journaliste togolais Apollinaire Mewenemesse a été écroué, jeudi 28 mars au soir, poursuivi pour sept chefs d’accusation, a fait savoir à l’Agence France-Presse son avocat.
Le directeur de publication du journal La Dépêche, âgé de 71 ans, était en garde à vue à la brigade de recherches et d’investigations, à Lomé, depuis mardi, après avoir été auditionné pour la publication, le 28 février, d’un article sur la mort d’un proche du président togolais. « Le journaliste a été placé sous mandat de dépôt par le doyen des juges d’instruction. Il est allé en prison ce soir », a déclaré son avocat, Me Darius Kokou Atsoo.
M. Mewenemesse est visé par « sept chefs d’inculpation », dont « conception et publication de nouvelles fausses aux fins de susciter la population ou l’armée à se soulever contre l’Etat », « apologie contre la défense nationale et la sécurité de l’Etat », « publication par voie de presse écrite d’un écrit ayant porté atteinte à l’honneur, à la dignité et à la considération du président de la République », a précisé Me Atsoo.
Après la publication de l’article intitulé « L’assassinat crapuleux du colonel Madjoulba, et si le général Kadangha Abalo était le capitaine Dreyfus du Togo ? », le journal La Dépêche avait été suspendu le 4 mars pour trois mois par la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication, pour « incitation à la haine tribale », « appel à l’affrontement ethnique entre officiers dans l’armée » et « incitation à la révolte populaire ».
Le colonel Bitala Madjoulba, commandant du 1er bataillon d’intervention rapide, avait été retrouvé mort dans son bureau le 4 mai 2020, au lendemain de l’investiture du président du Togo, Faure Gnassingbé, à laquelle il avait assisté. L’autopsie du corps avait révélé une blessure par balle. Ce militaire, à la prestigieuse carrière, faisait partie du cercle restreint du chef de l’Etat.
La mort du colonel Madjoulba avait fait grand bruit dans le pays et, en novembre 2023, cinq militaires avaient été condamnés à des peines de cinq à vingt ans de prison, le général Kadangha recevant la plus lourde peine.
Deux journalistes togolais ont été écroués pendant dix-huit jours en novembre 2023 pour diffamation envers le ministre de l’urbanisme, Kodjo Adedze. En mars 2023, deux autres journalistes togolais avaient été condamnés par contumace à trois ans de prison par le tribunal de grande instance de Lomé pour « outrage à l’autorité » et « propagation de propos mensongers sur les réseaux sociaux », après les plaintes de deux ministres, dont M. Adedze.
Le Monde avec AFP
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