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Portugal : le nouveau gouvernement conservateur s’installe, avec le soutien calculé des socialistes

« Est-ce que [gouverner] sera une mission impossible ? Je ne le pense pas. (…) Est-ce que ce sera très difficile ? Certainement. » Le président de la République portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, n’a pas manqué de rappeler la fragilité de l’exécutif formé par le conservateur Luis Montenegro, lors de la cérémonie d’investiture de ses dix-sept ministres, au palais de Belem, mardi 2 avril. Le parti de M. Montenegro, le Parti social-démocrate (PSD, centre droit), n’ayant réuni que 28,9 % des suffrages et ne comptant que 80 des 230 sièges à l’Assemblée, le président a suggéré au nouveau premier ministre de « diviser les problèmes en plusieurs plus petits » et de les résoudre « un par un sans perdre de vue l’ensemble et sans créer d’attentes ou d’ambitions illusoires ».
Composé de dix hommes et sept femmes, le gouvernement est moins paritaire que le précédent exécutif du socialiste Antonio Costa, qui a passé le témoin après huit ans au pouvoir. Il avait démissionné en novembre 2023, éclaboussé par une affaire de trafic d’influence présumé impliquant de proches collaborateurs.
Professeur d’économie nommé aux finances, présidente d’hôpital nommée à la santé, ex-directrice de musées nommée à la culture : tous les membres du nouvel exécutif appartiennent au PSD, à l’exception du ministre de la défense, issu du petit parti de droite CDS-PP. Comme promis, M. Montenegro n’a confié aucun portefeuille au parti d’extrême droite Chega (« ça suffit »), malgré les pressions de son président, André Ventura, pour entrer dans un gouvernement de coalition en échange du soutien stable de ses cinquante députés (18 % des voix). « Le PSD a choisi sa voie. Il a choisi le Parti socialiste [PS] comme interlocuteur et c’est avec le Parti socialiste qu’il devra s’entendre. Chega dirigera l’opposition au Parlement », a lancé M. Ventura, présent lors de la prise de fonction officielle des ministres.
Le chef de file du PS, Pedro Nuno Santos, dont le parti est arrivé second avec 78 députés (28 % des suffrages), n’a pas assisté à la cérémonie. Une absence symbolique et calculée pour signifier publiquement, une nouvelle fois, que le PS ne « servira pas de béquilles » au gouvernement sorti des urnes le 10 mars. Et pourtant, c’est bien cette formation qui est venue au secours de l’exécutif le 27 mars. La veille, à trois reprises, la désignation du président de l’Assemblée avait échoué, faute de majorité au sein du Parlement, Chega ayant choisi de présenter un candidat alternatif. Le PS a finalement trouvé une solution : il a accordé son soutien au candidat conservateur, José Pedro Aguiar-Branco, en échange d’une présidence tournante de l’Assemblée, laquelle devra lui revenir dans deux ans, en septembre 2026.
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